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Qu’est-ce qu’une AMAP ?

Article extrait de Wikipédia :

Une association pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP) est, en France, un partenariat de proximité entre un groupe de consommateurs et une ferme locale, basé sur un système de distribution de « paniers » composés des produits de la ferme.

C’est un contrat solidaire, basé sur un engagement financier des consommateurs, qui payent à l’avance la totalité de leur consommation sur une période définie par le type de production et le lieu géographique.

Ce système fonctionne donc sur le principe de la confiance et de la responsabilisation du consommateur.

Elle correspond au :

* Community Supported Agriculture (CSA) pour les pays anglophones.

* Agriculture Soutenue par la Communauté (ASC) au Québec

* Teikeis au Japon

* Reciproco au Portugal

Principes

Une AMAP est :

* pour le paysan, le maintien de l’activité agricole par la garantie de revenu ;

* pour le consommateur, des aliments frais, de saison, souvent biologiques, produits à partir de variétés végétales ou races animales de terroir ou anciennes ;

* un prix équitable pour les deux partenaires.

Une telle association est considérée comme participant de l’économie solidaire, selon les critères suivants :

* un lien direct, sans intermédiaire, entre le producteur et le consommateur ;

* les consommateurs s’engagent à l’avance, pour une saison de production ;

* ils partagent les aléas climatiques qui peuvent modifier à la baisse, la quantité de produits calculée et planifiée par le producteur ;

* le prix du panier est calculé en fonction des coûts de productions et non pas au poids de la marchandise[1].

Le fermier amortit les aléas de l’économie de marché (il a une vision sur plusieurs mois) et garde une indépendance par rapport au système de grande distribution ; quant aux consommateurs, ils peuvent directement suivre et influencer le mode de culture (souvent biologique ou biodynamique ou agriculture durable).

Les AMAP ont également les ambitions suivantes :

* favoriser un dialogue social autour de la sécurité alimentaire et du goût ;

* respecter la biodiversité ;

* mieux gérer le foncier et maintenir des terres fertiles ;

* agir pour l’emploi, par l’installation de nouveaux jeunes agriculteurs;

* instaurer des animations sur la ferme, en favorisant le volet pédagogique sur la nature et l’environnement

* contribuer à réduire la consommation energétique en utilisant des lègumes produits à coté de son domicile;

* réimpliquer le consommateur dans ses choix de consommation.

Fonctionnement

Le partenariat est assuré par un comité de bénévoles qui participe au fonctionnement de l’AMAP.

Ses rôles sont d’assurer le lien avec le producteur pour la communication et l’information, de rechercher d’autres consommateurs, de prendre les inscriptions, d’organiser la distribution, etc. Ils sont liés par un contrat dans lequel l’agriculteur s’engage à fournir aux consommateurs un panier par semaine de produits à un prix équitable définis en toute transparence, tandis que les consommateurs s’engagent en toute connaissance des diverses contraintes à effectuer une permanence à l’accueil de la distribution.

Historique

Le concept a émergé dans les années 1960 au Japon. À l’époque, des mères de familles japonaises s’inquiètent de voir l’agriculture s’industrialiser avec un recours massif aux produits chimiques (en 1957, les premières victimes de Minamata, empoisonnées au mercure, sont déclarées). Ces mères fondent alors en 1965 les premiers Teikei (en japonais « le visage du fermier est sur le produit ») qui concernent d’abord des coopératives laitières. Le principe de fonctionnement est le suivant : en échange de l’achat par souscription de la récolte du paysan, ce dernier s’engage à fournir des aliments cultivés sans produits chimiques.

Un des groupes fondateurs des teikei, le Japan Organic Agriculture Association (JOAA), apparu en 1971, définit le teikei comme « une idée visant à créer un système alternatif de distribution, non dépendant du marché conventionnel. Bien que la forme des teikei varie, c’est tout simplement un système de distribution directe. Pour parvenir à son émergence, les producteurs et les consommateurs ont dû parler et approfondir leur connaissance mutuelle : aussi bien les uns que les autres fournissent du travail et du capital pour pérenniser le système. Le teikei est non seulement une idée pratique mais aussi une philosophie dynamique pour que les gens pensent une meilleure façon de vivre à travers l’interaction entre producteurs et consommateurs »[2]. Cependant, aujourd’hui, les consommateurs japonais se sont éloignés de la plupart des TEIKEI de l’origine du fait de la concentration urbaine et se sont groupés en coopératives de consommation qui commercialisent les produits de l’agriculture biologique mais dans lesquelles le producteur n’a plus dans la plupart des cas le contact direct. Toujours est-il qu’au moment de l’émergence des Teikei dans les années 60, il n’ y a pas eu d’échanges avec l’Amérique ou l’Europe sur ce système.

À la même époque en Suisse, des fermes communautaires nommées food guilds (ou association alimentaire) développent leur propre partenariat avec les consommateurs locaux en leur fournissant chaque semaine des produits frais (légumes, lait, œufs, et fromages).

Aux États-Unis en 1985, un fermier de retour de Suisse après avoir étudié les food guilds rencontre alors Robyn Van Hen, une agricultrice bio du Massachusetts. Avec l’aide d’autres producteurs et de consommateurs, ils fondent la première Community Supported Agriculture à la ferme Indian Line de Robyn. Le concept se répand ensuite rapidement par bouche-à-oreille dans tous les États-Unis, puis gagne le Canada (ASC). Le concept est un système économique à part entière pour le paysan, et autonome, c’est pourquoi les agriculteurs fondateurs l’ont nommé AMAP.

Le principe d’une distribution hebdomadaire de légumes à des réseaux d’adhérents-consommateurs a été introduit en France par les Jardins de Cocagne aux débuts des années 1990 (chantiers d’insertion de personnes en difficulté par le maraîchage biologique). Toutefois, les Jardins de Cocagne n’ont rien à voir avec les AMAP: il s’agit d’un objectif purement social, il n’y a pas de contrat de saison, pas de préfinancement de la récolte et pas de point de distribution collectif proche des consommateurs. En 2000, on recensait des CSA dans de nombreux pays : plus de 1000 en Amérique du Nord, 100 au Royaume-Uni, et aussi en Australie, Danemark, Pays-Bas, Allemagne, Hongrie, Ghana, Nouvelle-Zélande… Au Japon, un foyer sur quatre participe à un Teikei (16 millions de personnes en 1993). Aux États-Unis, 1500 sont en fonctionnement en 2003.

En février 2004 se tient à Aubagne le premier colloque international des Teikei (Japon), CSA (pays anglophones), AMAP (France), ASC (Québec), etc. Un deuxième colloque international se tient ensuite à Palmela (Portugal) en décembre 2005 donnant lieu à la création du réseau international URGENCI qui regroupe ces diverses initiatives.Le prochain colloque mondial (28 pays) aura lieu fin janvier 2008 à Aubagne, près de Marseille.

Les AMAP en France

En 2000, Denise et Daniel Vuillon, couple de maraichers du Var à Ollioules, rendirent visite à leur fille en stage d’architecture aux États-Unis. En parcourant une rue à Manhattan, Daniel Vuillon aperçut des gens qui s’affairaient autour de gros paniers de légumes sur le parvis d’une petite église. Intrigués, les Vuillon découvrirent alors un groupe de consommateurs d’AMAP/CSA que leur fermier venait de livrer en légumes fraîchement récoltés.Ils rendirent donc visite à ce fermier à une heure de New-York, ils discutèrent de cette expérience, trouvèrent l’idée intéressante et l’étudièrent sur place. Suite à une réunion organisée par ATTAC à Aubagne en février 2001 sur le thème de la « malbouffe », durant laquelle les Vuillon présentèrent le concept des CSA et ses avantages, des consommateurs furent motivés. Trois réunions se sont tenues. Le 8 avril avait lieu le pique-nique à la ferme qui reste une étape importante dans la création de l’AMAP. Le 17 avril 2001, le premier panier (sur un total de trente-deux) était livré par « Les Olivades » aux consommateurs d’Aubagne. Cette première distribution s’est déroulée sur un parking mis à disposition par une « amapienne ».

Estimant le contexte favorable au développement de ce type d’initiative, ces maraichers, membres de la Confédération paysanne du Var, avec d’autres associations, envisagèrent de créer une structure chargée d’accompagner les porteurs de projet AMAP dans la région.

Alliance Provence (AP) fut alors fondée le 10 mai 2001.

Seize AMAP sont ainsi créées en 2002, sur demande de consommateurs ou de producteurs, le concept se répandant par bouche-à-oreille aidé par les média. En 2003, les fondateurs d’AP rédigent la charte des AMAP. Les principes de cette charte sont :

* la garantie de l’éthique des pratiques agricoles et de l’éthique sociale et citoyenne ;

* des aliments de bonne qualité gustative, frais, de saison, sans pesticides, sans désherbants, ni engrais chimiques de synthèse ;

La dénomination AMAP et la charte ont été déposées à l’INPI par l’association Alliance Provence. Des consommateurs qui se rassemblent avec un producteur ne peuvent porter le nom d’AMAP que s’ils appliquent clairement la Charte et seulement après avoir eu l’accord du réseau Alliance de leur région. En 2006, on estime qu’il s’est créé :

* quatre-vingt AMAP en PACA ;

* quatre-vingt en région Rhône-Alpes (de nombreux projets)

* soixante en Midi Pyrénées ;

* environ trente en Île de France ;

* vingt-quatre en région Aquitaine (et trois projets)

* vingt cinq en Alsace

Quelques AMAP sont nées dans d’autres régions après le premier colloque international tenu à Aubagne en février 2004.

Fin 2007, 750 AMAP approvisionnent en France environ 30 000 familles, soit 90 000 personnes.